L’ambiance s’est installée rapidement : un format Léo Talks, quelques règles de participation posées dès le début, et quatre intervenantes avec des expériences différentes mais complémentaires.
Hatice Menguc (Inetum), Juliette Delas (Femmes@Numérique), Fabienne Juin (Crédit Agricole Technologies & Services) et Tara Mestman (ESILV, Data & IA) ont raconté, chacune à leur manière, ce qui les a amenées à travailler dans la tech ou à défendre la mixité. On sentait, dans la salle, un mélange d’écoute attentive et de petites réactions discrètes… le genre d’énergie qui aide les discussions à trouver leur rythme.
Mathieu Amiet et Chadi Al Kerdi, à l’animation, ont introduit un premier temps fort : un chiffre. Un seul. Mais il a suffi à faire réagir la salle.
« Selon vous, quel pourcentage de femmes travaillent dans le numérique ? »
Les réponses ont fusé, un peu hésitantes. Puis le chiffre est tombé : 23,7 %.
On a senti un petit flottement – ce moment où chacun se dit que l’écart est peut-être plus large que ce qu’il imaginait. Puis une anecdote a suivi : les airbags, longtemps testés uniquement sur des mannequins masculins. Résultat : des équipements moins sûrs pour la moitié de la population.
Ce rappel très concret a aidé à comprendre ce que représente, dans la pratique, une tech pensée sans diversité. L’écart reste notable, même dans des formations où les compétences numériques ont une place centrale.
Le cœur de la table ronde s’est poursuivi avec les parcours personnels. Ce moment-là a pris une tournure plus intime, plus proche de confidences professionnelles que d’un exposé académique.
Tara Mestman a parlé de la curiosité qui l’a guidée vers l’IA. Hatice Menguc, Juliette Delas et Fabienne Juin ont insisté sur les raisons qui les poussent aujourd’hui à agir pour encourager davantage de jeunes femmes à rejoindre les filières numériques.
Le public a aussi partagé ses propres modèles – souvent des proches. Ce type d’échange spontané donne de la profondeur : on perçoit ce qui nourrit les choix, ce qui donne confiance ou, parfois, ce qui manque.
Le quiz a structuré toute la seconde partie.
Une question, une réponse, et chaque fois un échange qui rebondit entre les intervenantes et la salle.
Exemple :
À quel âge les femmes sont-elles le plus présentes dans les métiers du numérique ?
Réponse : 18–29 ans, avec 33 %.
Un chiffre encourageant en apparence… sauf que les départs précoces sont plus fréquents chez les jeunes femmes. Les raisons évoquées : petites remarques répétées, doutes imposés, sentiment d’être moins considérée.
Hatice Menguc a raconté que, dans sa carrière, elle n’avait connu un environnement totalement respectueux que chez Inetum, grâce à un programme interne solide. Elle l’a dit simplement, presque calmement, et c’est précisément ce calme qui a marqué l’auditoire.
Autre question, autre échange : pourquoi les filles hésitent à se diriger vers les filières scientifiques ?
Les réponses recueillies dans les études internationales pointent deux causes récurrentes : les stéréotypes et le manque de modèles. Pas un manque d’intérêt. Pas un manque de compétences.
L’exemple de la Tunisie, où 50 % des étudiantes sont dans les filières scientifiques, a permis de rappeler que les normes sociales influencent bien plus que les aptitudes.
Une intervention a ramené la discussion dans le vécu : Tara Mestman a raconté comment un professeur refusait des étudiantes malgré leurs résultats supérieurs à ceux d’étudiants admis. Une situation qui, dans la salle, a fait hocher plusieurs têtes.
Le thème de l’IA a occupé la fin de la discussion. Une question posée : l’IA change-t-elle quelque chose à l’égalité femmes-hommes ? La majorité du public a répondu que l’IA fait reculer l’égalité. Et les intervenantes ont confirmé ce ressenti.
Les modèles reproduisent les biais des données sur lesquelles ils sont entraînés. Un étudiant a même raconté qu’en générant des images, il obtenait presque toujours les mêmes archétypes : hommes très musclés ou femmes très jeunes.
Les échanges ont montré que les solutions existent, mais demandent une vigilance collective : formation, diversités des bases de données, prise de conscience des biais.
Trois idées ont fait consensus :
Une idée forte a aussi émergé : l’importance du réseau. Professionals, amis, contacts de confiance… un réseau solide aide à s’orienter, à se protéger et à avancer.
La table ronde s’est terminée autour d’un moment d’échanges informels. Pas de grandes phrases ni de déclarations spectaculaires. Juste une idée simple qui a traversé toute la soirée : construire une tech plus équitable demande du temps, mais aussi une implication concrète de chacun. Étudiantes, étudiants, professionnelles, équipes pédagogiques, associations… tous ont une part à jouer.
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